À l’initiative de la Faculté de Droit et de la Chaire Droit public et politique comparés, l’Université Jean Monnet Saint-Étienne a remis, le 15 mars 2024, les insignes de docteure honoris causa à Lady Brenda Hale, baronne de Richmond. En présence du recteur de l’académie de Lyon, du recteur délégué pour l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation, du président de l’Université, et du doyen de la Faculté de Droit, le Professeur Aurélien Antoine, parrain de l’événement, a célébré par un chaleureux discours l’une des figures féminines les plus reconnues outre-Manche et dans le monde juridique anglo-saxon.
Lady Hale, une carrière faite de "premières"
Lady Brenda Hale est une pionnière : parmi les premières générations de femmes juristes formées à Cambridge, elle est la première femme nommée à la Law Commission, puis la première femme nommée Lord of Appeal de l’Appellate Committee of the House of Lords et, finalement, la première présidente de la Cour suprême du Royaume-Uni. Féministe avant l’heure, grande défenseure de la justice sociale et actrice de premier plan de la lutte contre les discriminations, Lady Hale n’a jamais renié son attachement à la protection des droits fondamentaux et au projet européen. Déjà titulaire d’une dizaine de doctorats honoris causa britanniques ou anglo-saxons (l’Université de Georgetown de l’État de Washington aux États-Unis), Lady Hale a reçu de la part de l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne son premier doctorat honoris causa dans un pays francophone. L’initiative en revient initialement à la Faculté de Droit et, en particulier, au titulaire de la Chaire de Droit public et politiques comparés. Le doctorat honoris causa de Lady Hale est le premier à récompenser une juriste à l’Université Jean-Monnet.
La cérémonie a aussi été l’occasion de recevoir Michael Tugendhat, ancien juge de la High Court de l’Angleterre et du pays de Galles, ainsi que plusieurs juristes britanniques.
The human rights project means that there are certain rights which are protected against violation even if the majority wills it.
Lady Brenda Hale
The European Convention on Human Rights. Does it have a future in the United Kingdom?
C’est forte de cette conviction dans la protection internationalisée des droits et libertés fondamentaux que Lady Hale a, après de la remise de ses insignes, proposé une très riche conférence sur l’histoire de l’intégration de la Convention européenne des droits de l’Homme au Royaume-Uni. Retraçant les débuts compliqués de son déploiement en droit britannique jusqu’à la mise en place du Human Rights Act de 1998, Lady Hale a souligné l’attachement historique du Royaume-Uni à la protection des droits et libertés, et ce malgré des velléités politiques de dénonciation de la Convention et de remise en question constante des acquis européens ces dernières années.
Elle a ainsi fait part de ses inquiétudes quant aux attaques régulièrement menées contre le pouvoir judiciaire au Royaume-Uni, notamment depuis les deux grands arrêts Miller rendus par la Cour suprême alors qu’elle la présidait. Elle en a fait part au journaliste Philippe Bernard pour Le Monde, présent lors de la cérémonie.
La Chaire Droit public et politiques comparés a le plaisir de pouvoir diffuser le texte de cette conférence, accessible ici. Sa captation vidéo sera prochainement accessible.
Une journée exceptionnelle
La cérémonie s’est conclue par un récital de violon et piano interprété par le duo formé par Grégoire Torossian, diplômé du Conservation national supérieur de musique et de danse de Paris, et Jérôme Fréjaville, diplômé du Conservation royal de Bruxelles. Le programme a été construit en hommage à Lady Hale en mettant notamment à l’honneur Clara Schumann.