Du 3 au 5 septembre 2024 se tenait la 115e conférence de la Society of Legal Scholars, plus ancienne et plus grande société savante du Royaume-Uni en matière juridique. Organisée cette année au sein de la faculté de droit de l’Université de Bristol, elle a réuni plus de 300 intervenants répartis dans une trentaine de panels thématiques allant du droit public à la théorie du droit, en passant par le droit de l’environnement et l’enseignement du droit. Marie Padilla (maître de conférences à l’Université de Bordeaux) et Camille Bordère (chercheuse postdoctorale au sein de la Chaire) y sont intervenus les 3 et 4 septembre, au sein du panel de droit comparé.
Learning from Others: Lessons for Legal Scholars?
La conférence annuelle de la Society of Legal Scholars constitue le rendez-vous annuel des enseignants-chercheurs britanniques, irlandais et internationaux (ils sont plus de 2700 à en faire partie). Si elle se focalise habituellement sur des questions intéressant spécifiquement le droit et les juristes du Royaume-Uni et d’Irlande, le thème de cette année a tout particulièrement ouvert les portes du Wills Memorial de Bristol à la recherche internationale – en témoigne, d’ailleurs, le découpage en trois sessions du panel de droit comparé auquel ont participé des membres de la Chaire ainsi que la présence en nombre de chercheurs internationaux.
La Chaire Droit public et politique comparés à la SLS 2024
Marie Padilla a à la fois ouvert le bal des interventions des membres de la Chaire ainsi que le panel de droit comparé. Sa présentation, intitulée A Tale of Two Jurists: French Constitutional Law Scholars and the Use of the English Example, était consacrée à l'”anglophilie constitutionnelle” qui a longtemps animé la recherche française en droit constitutionnel, avant une éclipse de 1958 à la fin des années 1990.
Le climat politique actuel, un regain d’intérêt plus général pour la dimension non écrite de la Constitution de la Ve République et des initiatives (telles que celles portées par la Chaire et par l’Observatoire du Brexit) visant à promouvoir une meilleure connaissance de l’expérience constitutionnelle du Royaume-Uni, donnent aujourd’hui une nouvelle impulsion à la référence britannique.
Camille Bordère est intervenue le lendemain, dans le cadre du troisième et dernier panel de droit comparé. Sa présentation, intitulée “There’s Someone in my Head and It’s not Me.” Rethinking the Classic Tale of Comparative Law: the Other, the Self, and the Distance In-Between, était consacrée à une proposition méthodologique : pourrions-nous penser la notion de culture juridique, centrale en droit comparé, comme le produit d’un processus de mémoire et d’oubli collectif ?
En exploitant à la fois les travaux fondateurs de Maurice Halbwachs, ceux de ses successeurs (tels que Jan Assman ou Judith Schlanger) et les écrits fondamentaux du courant Law-as-culture du droit comparé, il s’agissait d’insister sur l’importance de la prise en compte des mécanismes de transmission de souvenirs disciplinaires et sur leur face cachée – les mécanismes de rejet, et donc d’oubli – dans l’étude d’un droit Autre.
De gauche à droite : Eva Steiner (Senior Lecturer, King’s College London), Mark Van Hoecke (Professeur de droit comparé, Queen Mary University London), John Bell (Professeur émérite de droit public, University of Cambridge), Marie Padilla (Maître de Conférences en droit public, Université de Bordeaux), Camille Bordère (Chercheuse postdoctorale, Chaire Droit public et politiques comparés), Mitja Kovac (Professeur de droit privé, Université de Ljubjana), Matteo Nicolini (Professeur de droit public, Université de Vérone), Penelope Alexia Glosa (Lecturer en droit privé, University of Portsmouth)